12 T13 Pendant plus de 120 ans, l’État fédéral suisse reste une démocratie purement masculine. En 1971, l’introduction du suffrage féminin octroie aux Suissesses le droit de participer à la vie politique. À partir de ce grand pas vers la démocratisation du pays, l’exposition et la présente publication abordent la formation des droits fondamentaux qui ont été introduits dans la Constitution de 1999 en vigueur aujourd’hui. Avec la ratification de la Convention européenne des droits de l’homme en 1974, la Suisse s’intègre dans un système juridique de niveau supérieur. Dès lors, les jugements de la Cour européenne des droits de l’Homme (CrEDH) à Strasbourg, ceux du Tribunal fédéral et les initiatives populaires participent ensemble au développement de la Constitution. L’article de Helen Keller évoque la manière dont les droits fondamentaux européens ont été intégrés dans la Constitution fédérale suisse. Dans un exemple illustrant la procédure de naturalisation dans les années 1960, Regula Argast montre les idéologies qui perdurent encore aujourd’hui contre la participation politique des étranger-ères en Suisse. Jacqueline Grigo examine, quant à elle, le fait que la liberté de croyance, encore à la fin du XXe siècle, n’est pas appliquée à toutes les communautés religieuses, comme l’illustrent les débats politiques et juridiques autour du voile des femmes musulmanes. Comme le montrent les articles réunis ici, la Constitution fédérale suisse est capable d’intégrer les changements vécus par la société parce qu’elle peut être révisée et complétée. À l’avenir, cela sera aussi nécessaire pour traiter de manière démocratique les sujets politiques controversés : la population étrangère résidente, qui représente maintenant un quart de la population suisse, devrait-elle avoir le droit de participer aux décisions politiques ? Quels éléments faudrait-il intégrer ou pas dans une Constitution afin que la liberté de croyance s’applique à toutes et à tous ? Comment inciter les géants de la technologie à respecter la sphère privée de leurs utilisatrices et utilisateurs ? Ou encore, comment adapter la Constitution pour faire face de manière adéquate à la crise climatique ? En ce sens, la perspective proposée par Debjani Bhattacharyya dans cette publication pose la question suivante : la Suisse a-t-elle besoin d’un droit au froid ?
RkJQdWJsaXNoZXIy MTMyNjA1